[NEWS] Red Hat : la route du succès

L'éditeur américain GNU/Linux publait la semaine dernière ses derniers résultats financiers. Verdict : Red Hat est rentable depuis 7 trimestres et a vu son chiffre d'affaires croître de 53% en un an ! Pour ce qui est de l'avenir, après avoir réorienté ses lignes de produits vers le haut de gamme, Red Hat compte de nouveau attaquer sur le marché du poste de travail, où il affrontera notamment la concurrence de Novell/SuSE.

Red Hat multiplie par 1,5 ses ventes et par 7 ses bénéfices

Pour le premier trimestre de son exercice 2004 [1], clos le 31 mai dernier, Red Hat a présenté un chiffre d’affaires de $41,6 millions soit une augmentation de 53 % par rapport à la même période l’an passé et une hausse de 13 % par rapport au trimestre précédent. Les bénéfices sont de l’ordre de $10,7 millions contre $1,5 millions un an plus tôt. Les analystes tablaient sur un chiffre d'affaires de $43 millions [2]. Le bénéfice a par contre dépassé les attentes, avec une augmentation de 603% sur la période correspondante de 2004.

La lecture des résultats détaillés ([3], p23) est intéressante. Elle montre en effet que les dépenses ont globalement augmenté, en particulier pour la R&D et le marketing. L'augmentation du bénéfice n'est donc pas due à des économies liées à un abandon des distributions "de base", remplacées par la distribution communautaire Fedora. Les revenus liés aux "Subscription / Enterprises technologies" ont doublé. Ces revenus correspondent à la vente de distributions Red Hat Linux (Red Hat Enterprise Linux AS, ES and WS). Red Hat se porte donc mieux parce qu'il vend plus d'abonnements pour ses distributions, pas spécialement parce qu'il dépense moins. Quant aux services, ils ne connaissent pas de franche augmentation.

Pour l'année fiscale prenant fin le 29 février 2004, Red Hat a vendu environ 169.500 abonnement de l'offre Red Hat Enterprise Linux, à comparer au 36.500 abonnements vendus durant l'année fiscale précédente ! Le recentrage des dépenses R&D et marketing a probablement joué un rôle positif sur l'attrait de l'offre. Cependant, il semble clair que, d'une part, il y a une évolution du marché favorable aux éditeurs GNU/Linux et que, d'autre part, le facteur prix ne serait pas, contrairement à l'idée reçue, un élément discriminant dans le choix d'une distribution Linux^*.

Une tendance valable pour MandrakeSoft, Novell/SuSE, etc ?

Cette bonne santé financière et commerciale semble le fait des distibuteurs GNU/Linux commerciaux les plus populaires. Les résultats de Novell suite au rachat de SuSe se révèlent en effet bon. Le journal en ligne VNUNet [4] n'hésitait d'ailleurs pas à titrer : "Novell bénéficiaire grâce au rachat de Suse Linux". En pratique, SuSE pèse très peu dans les résultats de Novell, mais il semble en tout cas que la stratégie orientée Linux de Novell soit bien acceptée par le marché.

Quant au distributeur français MandrakeSoft, il a annoncé en mars 2004 un retour à une situation bénéficiaire (bénéfice de 270.000 euros pour 1,42 million de chiffre d'affaires au dernier trimestre 2003 [5]).

Red Hat revient sur le poste de travail

A l'avenir, Red Hat compte mettre l'accent sur le poste de travail, avec son nouveau bureau Linux pour utilisateurs professionnels [3]. Cette nouvelle version de la distribution Red Hat Linux n'est pas destinée au marché domestique, pour lequel Red Hat devrait lancer une version d'ici un à deux ans. Novell/SuSE et Novell restent, selon Salazar (directeur marketing EMEA pour Red Hat), les deux seules distributions GNU/Linux sur le marché professionnel...

Salazar insiste sur le côté "tout Open Source" de Red Hat, qui différencie Red Hat de Novell. Red Hat vient d'ailleurs de mettre en Open Source le Global File Systems, suite au rachat de la société Sustina, propriétaire du code, en 2003 [6]. Remarquons cependant que Novell a également consenti des efforts d'ouverture, avec notamment la mise sous licence GPL de l'installateur Yast de SuSE [7, 8].

La concurrence risque d'être rude. Red Hat et Novell/SuSE ne sont en effet pas seuls... Selon la société d'études IDC, le français MandrakeSoft bénéficie en effet d'une bonne implantation dans les milieux professionnels, notamment en France (40% du marché, juste derrière Red Hat, avec 50%) [9]. Enfin sorti de sa période de redressement judiciaire (qui l'empêchait de répondre à des appels d'offre [11]), MandrakeSoft compte d'ailleurs remettre les bouchées doubles sur le marché professionel, jugé à fort potentiel. Cette stratégie n'est pas incompatible avec sa forte implantation chez les particuliers, considérés comme un tremplin vers le monde professionnel [10].

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^* Paradoxalement, un récent sondage [12] du Journal du Net confirmait le coût faible ou nul des licences comme la principale raison du déploiement de Linux sur serveurs en entreprise, devant la fiabilité et les performances.

Sources :
[1] http://www.weblmi.com/news_store/(...)
[2] http://media.corporate-ir.net/media_files/NSD/RHAT/(...)
[3] Bakker J., Red Hat regarde vers le haut, Datanews, 2( juin 2004, p3.
[4] http://www.vnunet.be/datanews/detalle.asp?ids=(...)
[5] http://www.vnunet.fr/actu/article.htm?numero=12152
[6] http://linuxfr.org/2004/06/25/16655.html
[7] http://fr.wikipedia.org/wiki/SuSE
[8] http://solutions.journaldunet.com/0403/(...)
[9] http://www.zdnet.fr/actualites/business/(...)
[10] http://www.zdnet.fr/actualites/business/(...)
[11] http://solutions.journaldunet.com/0401/(...)
[12] http://solutions.journaldunet.com/dossiers/chiffres/(...)

Posté le 28 juin 2004.