[NEWS] La viabilité économique de la GPL
Philippe Frémy a proposé en août 2001 sur LinuxFr une intéressante réflexion sur la viabilité économique de la GPL. Il introduit notamment le rôle économique stabilisant des barrières à l'entrée d'un marché et discute de l'influence de la GPL sur ces barrières. D'une portée générale, ce texte est disponible avec l'accord de son auteur sur LogicielLibre.Net, remanié dans le fond et surtout la forme.
Résumé :
Les barrières à l'entrée d'un marché conditionnent la stabilité d'une activité commerciale. En l'absence de barrières, l'activité se révèle volatile et précaire. Si des barrières trop élevées sont nuisibles car conduisant au monopole, un juste milieu doit être atteint en vue de pérenniser l'activité de l'entreprise.
Ces barrières sont notamment de nature technologique (avantage produit). Or, pour certains logiciels tels que les jeux, la rémunération se fait principalement sur base de la technologie. Un logiciel libre sous GPL ne permet pas de se créer un avantage produit basé sur la technologie, puisque les sources sont disponibles, redistribuables et modifiables à souhait, y compris par un concurrent.
Dès lors, la rémunération sur la vente d'un logiciel est très difficile et celle sur une activité de service, menacée par le risque de fragmentation du marché (voir néanmoins Zope). Par contre, la vente d'une bibliothèque logicielle a de bonnes chances de succès, car ses acheteurs souhaiteront souvent obtenir un avantage produit et se rabatteront donc sur une déclinaison propriétaire payante (voir Trolltech).
Aussi, l'édition commerciale de jeux sous licence GPL a peu de chances de voir le jour. Le revirement de Tuxracer en 2001 (abandon de la GPL) est dès lors compréhensible.
Note : Le texte intégral a été ajouté dans la rubrique Articles / Contributions extérieures de LogicielLibre.Net (format PDF).
Commentaires [1, 1bis] :
Les distributeurs Linux [2] (vente de produits) ont effectivement été confrontés à la difficulté de rentabiliser leur activité. Seul Red Hat est pour l'instant en bonne voie d'être rapidement rentable ; MandrakeSoft revient de loin et semble progressivement sortir la tête hors de l'eau ; SuSE a trouvé un second souffle dans son rachat par l'américaine Novell. Qu'il s'agisse de Red Hat, de SuSE ou de Mandrake, le salut est recherché dans les activités de services à plus forte valeur ajoutée, que ce soit par le biais de contrats de support étendu (Red Hat), de partenariats (SuSE) ou d'abonnements (Club Mandrake) [3].
L'activité de service apparaît stable à première vue [4]. En particulier, il ne faut pas oublier qu'à côté des barrières technologiques, abaissées par la GPL, d'autres barrières existent. Il s'agit en particulier des barrières commerciales telles que la marque, qui apporte de la visibilité à l'entreprise (voir par exemple JBoss, une petite société américaine mondialement connue) et véhicule une image de marque, que l'on espère positive [5].
Sources :
[1] Plus d'infos sur les modèles économiques du Libre :
- http://www.logiciellibre.net/2003/news20031017.php
- http://www.logiciellibre.net/2003/news20031229.php
[1bis] Plus d'infos sur les licences du Libre :
- http://www.logiciellibre.net/2003/news20031021.php
[2] La situation des distributeurs GNU/Linux fera l'objet de brèves tout au long des mois de février et mars sur LogicielLibre.Net
[3] Ainsi que dans la réduction des coûts - abandon des activités peu ou prou rentables chez Red Hat et (ex-)initiative United Linux chez SuSE-.
[4] Voir notamment pour un état du marché :
- http://www.logiciellibre.net/2004/news20040128.php
[5] http://www.logiciellibre.net/2003/news20031007.php
Posté le 02 février 2004.
|