[NEWS] Co-création et développement informatique
Lors d'une discussion par mail, la question suivante me fut posée : "Quelles sont les alternatives permettant la co-création face aux extrêmes 100% propriétaires et 100% libres ?" Voici une première réponse à cette question que vous êtes sans doute nombreux à vous poser !
Une
permière réflexion peut porter sur l'architecture du
logiciel vendu. L'utilisateur final attend, pour une large variété
d'aplications, une certaine convivialité. La valeur ajoutée
provient dans ce cas de la qualité de l'interfaçage.
Dès lors, il est possible de travailler en licence libre pour
les soubassements et en licence propriétaire pour l'interface
graphique. Apple, avec Darwin, illustre cette stratégie.
Dans
le cas de librairies notamment, la politique de double licence
permet d'associer liberté et propriété. En
effet, une librairie sert à la création de logiciels.
La valorisation de logiciels passant généralement par
la vente de licences, un avantage produit est nécessaire. Les
licences libres strictes comme la GPL ne permettent pas une
différenciation technologie durable. Dès lors, l'achat
d'une licence propriétaire se revèle nécessaire.
C'est la stratégie adoptée par Trolltech avec Qt ou
MySQL A.B. avec MySQL.
Le
modèle semi-libre, inauguré par Netscape, permet la
cohabitation de gammes de logiciels libres et non-libres ainsi que
le transfert du code libre dans les logiciels non-libres.
L'entreprise peut ainsi libérer un logiciel offrant un
service minimum et proposer parallèlement une version
propriétaires plus complète, bénéficiant
ultérieurement d'apports de la version libre. Cette stratégie
peut être illustrée par Star Office, dérivé
propriétaire d'Open Office et intégré à
des modules tiers.
Le
code source de l'application peut être ouvert mais non libre.
Diverses restrictions peuvent en effet porter sur l'exploitation de
ce code comme l'interdiction d'un usage commercial. La licence
communautaire (ni libre, ni Open Source) de Sun Microsystems (SCSL)
permet l'ouverture et la modification du code mais s'accompagne de
contraintes diverses et variées.
Une
stratégie propriétaire peut être adoucie par
diverses mesures permettant une certaine forme de co-création.
Le
code peut être disponible à des fins de consultation
uniquement, pour une meilleure compréhension de son
fonctionnement. C'est ce que propose Microsoft avec son programme
Shared Source : seuls quelques privilégiés, triés
sur le volet, possèdent le droit d'exécution et de
modification.
Plusieurs
partenaires industriels peuvent s'associer dans le cadre d'un
consortium. L'ouverture du code est dès lors possible pour
les partenaires, ce qui prévient la détention d'un
monopole par un éditeur indépendant. Un exemple de
consortium est Symbian (système Symbian OS, ex-EPOC32).
Un
éditeur peut fournir des trousses à outil permettant
d'enrichir le logiciel. Cette stratégie est notamment
recommandée par le Professeur Von Hippel du MIT, auteur d'une
« théorie » sur les « utilisateurs
de pointe ». Il illustre notamment son propos par
l'exemple de Sony qui a créé un site Internet mettant
à disposition des outils permettant aux fans de Playstation
de programmer de nouveaux modules.
Le
principe du plug-in, que l'on retrouve notamment dans les
navigateurs Internet et les logiciels de traitement d'images,
peut-être vu aussi comme un moyen d'amener des utilisateurs et
des entreprises à venir co-développer le logiciel.
L'entreprise
peut en outre « panacher ». Ainsi, Symbian
développe son système propriétaire Symbian dans
le cadre d'un consortium, tout en ayant distribué son langage
OPL sous LGPL. Mais alors que les efforts d'ouverture d'une
entreprise propriétaire sont généralement bien
vus par la communauté (voir par exemple Symbian), les
vélléités liberticides d'entreprises libres sont
par contre vivement critiquées et ressenties comme une forme
de trahison (voir la polémique autour de YaST). ●
Note : Il est bien sûr possible, pour une entreprise, de fonctionner dans un cadre 100% libre. Vous pouvez à ce propos consulter la présentation sur les aspects économiques et les modèles d'affaire des logiciels libres / Open Source, ainsi que le document de présentation des licences libres / Open Source.
Posté le 28 octobre 2003.
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